Le Gyalwang Karmapa inaugure le Site khoryug.org pour la Protection de l’Environnement lors d’une conférence
Le 22 décembre 2009, Monastère Tergar, Bodhgaya
Dans la salle de prière du Monastère Tergar Sa Sainteté le Karmapa a officiellement inauguré devant un grand auditoire, le site www.khoryug.org dédié à la protection de l’environnement, disponible en Tibétain et en Anglais. Ce site offre des informations instructives sur la protection de l’environnement, les actualités en cours des monastères Kagyu des moines et des nonnes ainsi qu’un forum de discussion pour les personnes intéressées par l’environnement.
Khoryug.com fait parti d’une série de projets que Sa Sainteté a entrepris dans le but de protéger la terre pour les générations futures et d’œuvrer à la restauration de l’environnement naturel du Tibet et des régions Himalayennes. Khoryug.com s’inscrit donc dans la ligne d’action qu’adopte le 17ème Gyalwang Karmapa : travailler pour le bien-être des autres, de façon immensément vaste, tout en étant éminemment pratique.
L’événement a commencé avec une présentation de Melle Déki Chungyalpa, la directrice responsable de la grande région du Mékong pour World Wildlife Foundation (WWF), la plus grande organisation dédiée à la protection de l’environnement dans le monde. Melle Déki, qui s’est employée à coordonner les activités de protection de l’environnement de Sa Sainteté, a mis l’accent sur l’importance géographique des régions qui s’inscrivent dans l’immense zone culturelle du Tibet. Elle a fait remarquer que trois des dix-neuf régions répertoriées dans les zones désignées par le WWF, pour leur importance en terme de biodiversité, se trouvent au Tibet et dans la région himalayenne.
En proportion, les changements que l’on observe dans les régions himalayennes et tibétaines sont dix fois plus rapides que partout ailleurs dans le monde, avec comme exemple la fonte des glaciers, incontestable à vue d’oeil. Faut-il rappeler que c’est dans ces chaînes de montagnes que se situent les sources de rivières qui assurent la vie de millions de gens. En ce sens, la condition environnementale du Tibet et de l’Himalaya ont des conséquences importantes. Melle Déki a notamment mis en place plusieurs projets environnementaux situés autour de Bodhgaya, en incitant les participants du Kagyu Monlam à y participer.
Khenpo Kelsang Nyima du monastère de Rumtek a ensuite pris la parole en décrivant l’expérience des moines et nonnes qui ont participés à la première conférence environnementale introduite par Sa Sainteté le Karmapa en mars 2009, à Varanasi. « Sa Sainteté nous a incité à voir la beauté du monde dans lequel nous vivons » a-t-il dit, ajoutant que Sa Sainteté leur avait bien fait comprendre que le problème était l’avidité humaine et que si nous avions créé ce problème, il nous incombe de le résoudre.
Khenpo Kelsang Nyima a fait l’éloge du souci constant que Sa Sainteté déploie envers autrui et ce, non seulement dans le présent mais aussi dans le futur, en anticipant les dangers éventuels et en travaillant de façon proactive afin de les éviter. Le khenpo a ensuite présenté un rapport sur les actions qui ont été adoptées par les monastères et les nonneries Kagyu dans le but d’améliorer leur environnement local. Un grand nombre de projets a déjà été mis en place tels que : nettoyer les sources d’eau, planter des arbres, trier les déchets, recycler, composter, installer des systèmes de chauffage à l’énergie solaire, l’utilisation des ampoules électriques à faible consommation, cesser l’utilisation des sacs et des bouteilles en plastique et bien d’autres choses.
Sa Sainteté le Karmapa a ensuite pris la parole en présentant le travail sur la protection environnementale comme une suite logique de notre pratique du Dharma. Celui-ci s’inscrit dans notre engagement mahayaniste qui consiste à agir pour le bénéfice des autres et à vivre de façon à intégrer la réalité de l’interdépendance.
En insistant fortement, il a invité les participants à se questionner, à savoir si les belles prières d’aspirations qu’ils récitent le matin sont mises en application au travers leurs actions durant la journée. Souvent, lorsque des opportunités se présentent pour travailler au bénéfice des autres nous ne les saisissons pas. Si nous nous demandons pourquoi il en est ainsi, c’est parce que par habitude notre intérêt est tout simplement centré sur nous-mêmes .Trop souvent nous agissons comme si les autres existaient en fonction de nous, comme si la terre était à nous seul et que nous pouvions en disposer à notre guise. Des actions fondées sur de telles attitudes ont engendré des effets cumulatifs ayant pour résultat la destruction de la planète.
En se basant sur l’état de fait qu’avait souligné Melle Déki, que nous les êtres humains ne sommes qu’une espèce parmi tant d’autres qui peuplent cette planète, Sa Sainteté a ajouté que malgré cela, nous dominons la terre comme si elle n’appartenait qu’à nous et que nous sommes responsables de tous les préjudices qui lui ont été causés. Cette attitude est inappropriée et dommageable envers autrui, tout particulièrement envers cette planète, notre bien-être et notre survie. Aussi, il a fait remarquer que sans les plantes qui produisent de l’oxygène dans l’atmosphère, il ne nous serait impossible de produire ne serait-ce qu’une simple respiration.
En utilisant un diaporama afin d’étayer son discours à l’aide d’images, Sa Sainteté a fait voyager toute l’audience dans la fascinante galaxie, démontrant que nous n’avons nulle part où aller si nous détruisons l’environnement naturel de la terre.
Cependant, contrairement aux humains, la terre pardonne toujours, a noté Sa Sainteté.
« Lorsqu’une personne commet un crime malveillant, elle est mise à l’écart de la société. La Terre elle, ne nous bannira jamais, quel que soit le mal que nous lui causons. Malgré tout ce que nous lui avons fait subir, elle ne nous a jamais abandonné et continue de nous offrir ses richesses avec grande générosité. Ainsi, il est de notre responsabilité de réfléchir à ce que nous pouvons lui offrir à travers nos gestes pour la remercier de sa grande bonté. » (Sa Sainteté le Karmapa).
Cet évènement a pris fin avec une représentation émouvante de la chanson « Aspiration pour la Terre » présentés par les étudiants du « Tibetan Children’s Village School » de Dharamsala.
Bien que cette conférence ait eu lieu pour les moines et nonnes, elle fut traduite en neuf langues pour la communauté internationale venue assister au Kagyu Monlam et aux enseignements annuels de l’Hiver.
Nombre des disciples occidentaux et orientaux ont particulièrement été touchés par la mise en place des actions graduelles pour la protection de l’environnement qui est comme l’a souligné Sa Sainteté : une pratique continue du Dharma. Une étudiante mexicaine qui visitait l’Inde pour la première fois, a mentionné après la conférence que la question la plus pressante qui l’assaillait depuis son arrivée à Bodhgaya était : « Comment agir de façon pratique à la grande souffrance dont nous sommes témoins autour nous ? ». En présentant la protection de l’environnement comme une façon de prendre soin des autres et en mettant en place des projets pour nettoyer l’environnement autour de Bodhgaya, Sa Sainteté le Karmapa avait répondu à sa question.