Le Karmapa donne une transmission de méditation de la sadhana de Chènrézi et fait le point sur sa situation
Beanfield Centre, Toronto - Canada
Revêtus de magnifiques chubas de brocart et de tabliers multicolores, les membres de la communauté tibétaine de Toronto - la plus grande en Amérique du Nord - remplissent l’auditorium pour cette quatrième et dernière session des deux jours d’enseignement par vidéoconférence.
Ne pouvant pas être présent en personne, il n’était plus possible au Karmapa de conférer l’initiation de Chènrézi ; il a donc donné la transmission de méditation de la sadhana de Chènrézi. Une offrande de mandala pour faire la requête de la transmission est suivie par la récitation de la prière du refuge et la bodhicitta. Puis, en se basant sur les instructions données au cours des trois premières sessions, il est demandé à l’assemblée de maintenir les visualisations pendant que Sa Sainteté lit le texte de la sadhana et conduit la récitation du mantra de six syllabes Om Mani Padme Hum. Détaillant l’arrière-plan historique, Sa Sainteté explique que, en raison de la relation proche que les Tibétains ont avec Chènrézi, ce ne sont pas seulement les Karmapas mais aussi de nombreux grands lamas, y compris Sa Sainteté le Dalaï-Lama, qui sont considérés comme des émanations du Noble Chènrézi et des instruments de son activité illimitée pour le bien des êtres. Il existe cependant une forte connexion avec la lignée des Karmapas. La tradition tibétaine des moulins à prières date de l’époque du 2e Karmapa, Karma Pakshi, qui eut une vision de dakinis chantant le mantra de six syllabes et introduisit la pratique de sa récitation en suivant une mélodie. Il répandit cette tradition dans tout le Tibet. En outre, au cours de la cérémonie de la Coiffe noire, quand le Karmapa revêt la coiffe, c’est la coutume de réciter le mantra de six syllabes avec une mélodie.
En conclusion, Sa Sainteté exprime le souhait que, grâce à la transmission du mantra de six syllabes, « en raison de la forte connexion du dharma que nous avons, nous et tous les autres puissions faire grandir en nous la graine de la libération et de l’omniscience. Puissions-nous tous être diligents dans la pratique de la méditation du Noble Chènrézi afin d’amener rapidement tous les êtres qui souffrent à l’état inégalé de la bouddhéité. »
Puis le Karmapa prend un peu de temps pour parler très ouvertement de sa situation actuelle.
Cela fait maintenant 18 ans qu’il est arrivé en Inde, mais il a passé les 18 derniers mois à l’étranger, principalement aux USA. Ce fut une période très difficile, en partie en raison de questions de santé, mais aussi car des problèmes sont apparus et ont généré du stress. « Je crois que cette période passée en Amérique a été la plus difficile de ma vie », a-t-il déclaré. Il explique que, bien que le gouvernement indien remette aux Tibétains un document de voyage pour qu’ils puissent se rendre dans d’autres pays, ce document n’a pas le statut de passeport et l’usage de ce document pour voyager à l’étranger est devenu de plus en plus problématique, en particulier car certains pays refusent de reconnaître sa validité. En conséquence, de nombreux grands lamas des différentes traditions tibétaines ont pris une citoyenneté étrangère pour pouvoir voyager librement et accomplir leurs activités du dharma.
Suivant des conseils, le Karmapa a acquis la citoyenneté du Commonwealth de la Dominique (et non de la République dominicaine, comme indiqué par erreur dans la presse) et a reçu un passeport. Ceci lui permettra de voyager librement partout dans le monde et d’accomplir ses activités du dharma.
Ayant acquis le nouveau passeport en mars 2018, Sa Sainteté a informé le gouvernement indien, Sa Sainteté la Dalaï-Lama et l’Administration tibétaine centrale de son nouveau statut. Sa Sainteté souhaitait rentrer en Inde et, initialement, pensait pouvoir le faire en juin 2018. Cependant, du à son changement de statut, il a maintenant besoin d’un visa et attend que le gouvernement indien lui en accorde un.
Le Karmapa a également abordé sa récente rencontre avec Sa Sainteté Thayé Dorjé les 10 et 11 octobre en France. Il a remarqué que de nombreuses personnes ont mal interprété ce qui s’était passé. Il précise que le but principal de leur rencontre était de faire connaissance sur un plan personnel et d’arriver à se comprendre. Avant la rencontre, il savait très peu de choses sur Sa Sainteté Thayé Dorjé et c’est donc un début. Aucunes décisions n’ont été prises et le chemin est encore long. Ce qui se passera à l’avenir dépend de toute la communauté Karma Kagyu. Sa Sainteté souligne que tout le monde a besoin d’adopter une vision à long terme, qui va bien au-delà de quelques mois ou quelques années mais s’étend sur plusieurs décennies ou générations.
« La lignée Karma Kagyu s’est divisée en deux, et cette division ne devrait pas se perpétuer de génération en génération », dit le Karmapa. Il explique qu’en fait, Sa Sainteté le Dalaï-Lama lui avait conseillé de rencontrer Sa Sainteté Thayé Dorjé. Le Karmapa affirme qu’il serait très dangereux pour la lignée et ses enseignements si les Karma Kagyu devaient se diviser en factions et devenir sectaires. Certaines personnes ont interprété la rencontre comme une défaite de sa part ou comme s’il avait perdu la face mais, considérer cette rencontre comme une victoire ou une défaite est une vision à court terme erronée. Au regard du danger à long terme qu’il ne reste rien des Karma Kagyu, perdre la face ou savoir s’il y a victoire ou défaite semble bien peu important.
La première présentation de l’après-midi de Sa Sainteté se termine avec ces précisions et la requê