Le monastère de Tsourpou
Le siège principal du Karmapa
Tsourpou est le plus important monastère de la lignée Karma Kagyu et fut le siège principal de la lignée et résidence de toutes les réincarnations successives des Gyalwang Karmapas depuis le premier Karmapa Dusoum Khyènpa, jusqu’au 17ème Gyalwang Karmarpa. Pour les disciples de la lignée Kagyu, Tsourpou est un lieu très spécial, empreint de bénédictions.
Tsourpou est le lieu duquel le système de lama réincarné du boudhisme tibétain a été innové. Au 13ème siècle, Karma Pakshi fut reconnu comme le Second Karmapa, la réincarnation du Premier Karmapa Düsoum Khyènpa, débutant alors l’institution de la tradition des « tulkous » au Tibet. Depuis, la lignée ininterrompue Karma Kagyu s’est transmise à travers les Karmapas successifs jusqu’à l’actuel Karmapa, Sa Sainteté le Dix-septième Gyalwang Karmapa, Ogyèn Trinley Dorjé.
Tsourpou est célèbre pour la quiétude de ses montagnes et l’atmosphère favorable de sa vallée qui a contenté les méditants, y compris les Karmapas, pendant plusieurs siècles. Le monastère est aussi renommé pour la beauté et l’art de son architecture tibétaine traditionnelle et sa décoration. Ayant abrité des reliques précieuses au fil des siècles, Tsourpou est devenu un lieu de bénédiction très important pour les tous pratiquants.
La fondation de Tsourpou
Le Premier Karmapa, Dusoum Khyènpa, se rendit à Tsourpou en 1159 à l’âge de 50 ans, où il établit les fondations d’un monastère, en offrant un rituel d’offrandes aux protecteurs locaux, avant de partir au Kham, situé à l’Est du Tibet.
En 1189, à l’âge de 80 ans, il revint à Tsourpou et y fonda son siège principal, connu comme étant « le lieu sacré du cœur (ou de l’esprit ) sur terre », dans la vallée de Teuloung. Le monastère se developpa dans un environnement propice où plus d’un millier de moines y vivait. Depuis ce temps, Tsourpou est devenu le siège principal des Karmapas successifs de la lignée Karma Kagyu.
Les développement ultérieurs
Tsourpou se développa plus tard sous le Deuxième Karmapa, Karma Pakshi, qui érigea une statue de Bouddha très célèbre appelée « Lachèn Zamling Gyèn ». Dès lors, Tsourpou prospéra au cours des règnes des Karmapas, pendant plus de huit cent ans. Plusieurs bâtiments furent construits progressivement à Tsourpou qui devint un magnifique complexe de plusieurs institutions, toutes centrées autour de la zone du temple originel construit par le Premier Karmapa, Düsoum Khyènpa.
Emplacement et institutions
Le monastère est situé au Nord Est de la vallée de Teuloung (actuellement Teuloung Déchen Shen, le comté de la municipalité de Lhassa), à une trentaine de kilomètres à l’ouest de Lhassa. Il s’élève à 4 300 mètres environ.
L’enceinte de l’autel principal et le monastère ont été bâtis au milieu de la vallée près de la rivière, face au sud, entourés par de grandes montagnes. De nombreux autels abritant des reliques des précédents Karmapas et des représentations de déités, des quartiers monastiques servant de résidence pour les moines, des halls de méditation, une maison d’impression, des bureaux, et la résidence d’été du Karmapa, furent construits autour du temple principal. Tsourpou abritait également deux grandes bibliothèques qui renfermaient des soutras, des tantras, des écritures compilés de tous les grands maîtres des quatre écoles du boudhisme tibétain, la littérature tibétaine, et en particulier les écrits de tous les Karmapas et de leurs disciples.
Derrière ce grand site, s’élève une montagne majestueuse du nom de « Thukjé Chenpo » (La Grande Compassionnée), le grand bodhisattva de la compassion “Avalokiteshvara”. En face se trouve la montagne appelée « Mahakala » (La Grande Noire), qui est le protecteur de la lignée Karma Kagyu. Au milieu de la vallée se trouve la montagne centrale appelée « Maitreya », le grand bodhisattva de la bienveillance.
Un centre de retraite est situé plus haut sur la montagne, derrière le monastère. A côté, on y trouve des petites maisons de retraite individuelles où plusieurs Karmapas ont effectué des retraites.
Derrière le monastère principal, un autre beau monastère du nom « Chogar-gong » y fut construit Ce site devint le siège principal des incarnations des Gyaltsab Rinpochés. A droite de ce monastère, était érigé deux petits monastères et un autel, le « Dra-tshang » et le « Zuri ».
L’autel du protecteur de Gyang-tsen ou Gyang-jé, qui représente le protecteur local, fut construit sur un emplacement rocheux à droite du monastère. L’autel pour Mahakali, Paldèn Lhamo, une autre célèbre protectrice de la lignée Karma Kagyu, fut construit à flanc de montagne à gauche du monastère. Devant le monastère se trouve l’autel du protecteur de Khanak Dorjé Gyalpo, non loin d’une source.
Les reliquaires
Tsourpou renfermait plusieurs reliques rares. Beaucoup d’entre elles étaient préservées très précieusement à l’intérieur des statues, des stupas, et dans des temples qui étaient ouverts au public. Les grands reliquaires de bénédictions depuis l’époque du Bouddha et de Nagarjuna jusqu’au plus récent Karmapa étaient conservés à Tsourpou. On y trouvait des reliques du Boudha Shakyamouni, des statues en argile faites à la main du célèbre maître Indien Nagarjuna, des reliques de Naropa, Marpa, Milarépa, Gampopa, des Karmapas, et de bien d’autres grands maîtres. La statue du Grand Bouddha abritait aussi plusieurs reliques rares et précieuses. Il y avait aussi un grand temple dans lequel plusieurs stupas abritaient des reliques de chaque Karmapa. Nombre de ces reliques, statues et autels ont été perdus et endommagés pendant la révolution culturelle de 1959, mais grâce au Seizième Gyalwang Karmapa, quelques unes de ces reliques ont pu être préservées.
La reconstruction du monastère de Tsourpou
Au Tibet et en Chine, plusieurs monastères furent détruits à partir de 1959 et lors la révolution culturelle. Tsourpou ne fit pas exception, souffrant très lourdement. Ce magnifique siège fut complètement détruit et laissé totalement en ruines en 1966. Aucun habitant ne put y rester. La seule chose que l’on voyait au loin n’était que des restes de murs.
Au début des années 80, lorsque le gouvernement communiste chinois ouvrit les frontières entre le Tibet et le Népal, permettant ainsi aux tibétains de visiter leurs familles et amis, Sa Sainteté le Seizième Gyalwang Karmapa enjoignit le Vénérable Drupon Déchen Rinpoché à retourner au Tibet afin d’y rebâtir le monastère de Tsourpou. La reconstruction du monastère fut très difficile en raison de la pauvreté de la population et du manque d’aides. Cependant, grâce à l’effort inlassable du Drupon Déchen Rinpoché et au dévouement de la population tibétaine, plusieurs parties du grand complexe ont pu être rebâties. Après plusieurs années de dur labeur la reconstruction partielle du temple principal et de quelques extensions d’habitats furent achevées.
Lorsque le Dix-septième Karmapa revint à Tsourpou la reconstruction s’accéléra. La plus grande partie du complexe de Tsourpou, y compris le nouveau bâtiment pour le collège monastique fut restaurée. De nombreux disciples dévoués de la lignée Kagyu rendirent visite au Karmapa, en offrant leur soutien pour la reconstruction du monastère de Tsourpou