La Lettre de Prédiction du Seizième Gyalwang Karmapa (1981-1992)
En Janvier 1981, le Seizième Gyalwang Karmapa confia à son fils de cœur, le Douzième Tai Sitoupa, une amulette de protection scellée, recouverte d’un brocart.
Il s’adressa à lui en ces termes : « Voici ton amulette de protection. Dans l’avenir, elle te sera d’une grande utilité ». Quelques années après, Tai Sitou Rinpoché découvrit que l’amulette contenait la lettre de prédiction concernant la renaissance du Seizième Karmapa.
Après le trépas du Seizième Karmapa et avant la découverte de la lettre de prédiction, les disciples Karmapa n’avaient qu’une seule chose à l’esprit : localiser son successeur. Du fait qu’un Karmapa donne des instructions à un disciple clé sur la façon de localiser sa prochaine incarnation, les années suivant 1981 étaient concentrées sur la recherche des instructions laissées par le Seizième Karmapa. Parfois la localisation de telles instructions n’est pas si aisée à retrouver, tel était le cas présent.
Habituellement, les amulettes de protection sont scellées et contiennent des mantras, des pilules sacrées ou des reliques. Lorsque le Seizième Karmapa remit une amulette de protection à Tai Sitou Rinpoché, il ne mentionna rien au sujet de son contenu. Tai Sitou Rinpoché prit soin du présent sacré qu’il conservait toujours sur lui. Bien qu’il le gardait nuit et jour pendant des années, il ne l’avait jamais ouvert, jusqu’à de nombreuses années plus tard. Lorsque Son Éminence Sitou Rinpoché ouvrit l’amulette, il y trouva la lettre de prédiction du Seizième Karmapa !
Le 19 Mars 1992, le Conseil des quatre régents de la lignée du Karmapa, Shamar Rinpoché, Sitou Rinpoché, Jamgon Kongtrul Rinpoché et Gyaltsap Rinpoché, se réunirent afin d’examiner la lettre de prédiction du Seizième Karmapa. Celle-ci fut traduite comme suit :
La lettre de Prédiction de
Sa Sainteté le 16ème Gyalwang Karmapa
« Emaho. La conscience en soi est félicité continue ;
Le Dharmadhatou [1] n’a ni centre ni confins.
Au Nord d’ici, [dans] l’est [du Pays des] Neiges,
Est une région où flamboie [2] spontanément la divine foudre ;
Dans un beau hameau d’éleveurs [marqué] du signe d’une vache [3],
La méthode est Deundroub, la sagesse Lolaga. [4]
[Né] l’an de celui qu’on utilise pour la terre, [5]
Au son miraculeux de celle qui est blanche [6] et porte au loin :
[Tel] est celui connu comme le Karmapa.
Il est nourri par le seigneur Deuyeu Droupa ;
Impartial, il emplit toutes les directions ;
Sans être proche des uns et distant des autres,
Il est le protecteur de tous les êtres,
Le soleil du Dharma du Bouddha qui, bienfaiteur d’autrui, sans fin flamboie. »
[1] Chos kyi dhying, “espace de tous les phénomènes » et synonyme de la vacuité (shunyata. skt).
[2] Le lieu de naissance du Dix Septième Karmapa est Lhatok : « Lha » signifiant divine et « thok » la foudre. Dans le texte le mot « foudre » est appelé poétiquement « gnam chags » ou « le ciel de fer ».
[3] La communauté des nomades où le Karmapa était né se nomme le Bakor.
« ba » signifiant « vache ».
[4] La méthode fait référence au père et la sagesse à la mère.