Les Dix Sept Karmapas (de 1110 jusqu’à ce jour)
Le titre Karmapa signifie « celui qui incarne l’activité des bouddhas » ou « l’incarnation de toutes les activités des bouddhas ». Les Karmapas se sont successivement incarnés sous l’aspect du corps d’émanation (Skt. nirmanakaya), et ce durant dix-sept vies successives, comme le présent Karmapa. Tous ont joué un rôle important dans la préservation et le développement des enseignements du bouddhisme tibétain.
L’arrivée d’un maître bouddhiste connu sous le nom de Karmapa avait été annoncée par le bouddha historique Shakyamouni et par le grand maître tantrique de l’Inde, Guru Padmasambhava. Au cours des siècles, les Karmapas ont été la figure centrale dans la continuité de la Lignée du Vajrayana et plus particulièrement celle de la Lignée Kagyu. Ils ont tenu un rôle très important dans la préservation des lignées de l’Étude et de la Pratique.
HISTORIQUE
Les Prophéties
La venue du Karmapa avait été prédite par le Bouddha Shakyamouni dans divers soutras et tantras, de même que par le grand maître Indien Padmasambhava dans plusieurs termas. Peu de maîtres bouddhistes ont ainsi été annoncés, et le Karmapa était l’un d’eux.
Les prophéties qui suivent ont été compilées par Richèn Palzang et sont contenues dans son ouvrage « Le Miroir qui illumine tout », à l’index du Monastère de Tsourpou.
Dans le Samadhiraja Soutra (le Soutra du Roi du Samadhi.) :
« Deux mille ans après ma mort,
Les enseignements se propageront jusqu’au pays des visages rouges,
Qu’il incombe à Chènrézi de discipliner.
Le bodhisattva Rugissement du Lion (Simhanada)
Fera son apparition sous l’aspect du Karmapa.
Il disciplinera les êtres par sa maîtrise du samadhi,
Conduisant au bonheur ceux qui le verront, l’entendront,
Le toucheront ou se souviendront de lui. »
Dans le Lankavatarasutra (le Soutra de la Descente à Lanka) :
« Vêtu des robes monastiques et portant une coiffe noire,
Il fera sans relâche le bien des êtres
Aussi longtemps que dureront les enseignements des mille bouddhas. »
Dans le Mulamanjushri Tantra (le Tantra Racine de Manjushri) :
« Il a Ka au début de son nom et ma à la fin
L’être noble qui viendra exposer les enseignements. »
(Extrait du livre « Vie et œuvres du XVIIème Karmapa Orgyèn Trinley Dorjé »- Editions Claire Lumière.)
Le Bouddha Karmapa
Du point de vue ultime, il est dit que le Karmapa a atteint l’éveil depuis bien longtemps, sous l’aspect d’un bouddha du passé portant le nom de Shènphen Namrol.
Le Karmapa deviendra le sixième Bouddha de cet éon et sera connu comme le Troukpa Sengué. Le Karmapa est indissociable du présent bouddha Shakyamouni.
Du point de vue relatif, il se manifeste en tant que Bodhisattva de la Dixième Terre
(bhoumi) et est une émanation d’Avalokiteshvara (tib. Chenrézik). Au travers des siècles, les Karmapas se sont manifestés sous différentes émanations.
Quelques unes des manifestations les plus importantes des Karmapas incluent les grands brahmanes indiens Saraha et Padmasambhava, ainsi que plusieurs autres émanations de maîtres du Tibet. Ces derniers ont conservé et diffusé les enseignements du Bouddha, apportant ainsi un bienfait à d’innombrables êtres.
Cependant un seul corps d’émanation (nirmanakaya) de ces incarnations successives est reconnu comme le Karmapa durant une époque donnée. Tous les Karmapas ont été de remarquables maîtres bouddhistes de l’histoire du Tibet.
L’activités des Bouddhas
Les Karmapas ont tenu une place importante, non seulement au sein de la lignée Kagyu, mais aussi dans bien d’autres écoles bouddhistes du Vajrayana au Tibet. On note par exemple, que le Troisième Karmapa Rangjung Dorjé joua un rôle clé pour préserver et développer la tradition Nyinthik au sein de l’école Nyingmapa. Le Quatrième Karmapa Rolpé Dorjé reconnut les qualités et capacités exceptionnelles de Jé Tsongkhapa, le fondateur de l’école Guélougpa, et devint son premier précepteur. Les Septième, Huitième et Neuvième Karmapas contribuèrent à la préservation et à la continuité des soutras, des tantras, et des lignées du Mahamoudra de l’école Kagyu. Le Quatorzième Karmapa participa à la préservation de la lignée Shangpa Kagyu. Grâce à lui la vision du mouvement non sectaire (tib « Rimé ») prit naissance au Tibet, et il encouragea son disciple de cœur, Jamgon Kongtrul le Grand, à la maintenir. Le Quinzième Karmapa Khakhyab Dorjé prit part à la préservation et à la continuité de la tradition des Termas de la lignée Nyingma.
Le Seixième Gyalwang Karmapa, Rangjoung Rigpé Dorjé, fut l’un des maîtres bouddhistes Tibétains les plus remarquables de notre temps. Il préserva les différentes lignées du bouddhisme Tibétain en exil, en consacrant principalement ses activités à la préservation des écritures bouddhistes, dont le Kangyur qui contient les paroles du Bouddha (108 volumes environ), le Tengyur qui comporte les traductions des commentaires par les maîtres Indiens et les paroles du Bouddha (214 volumes environ). Sa Sainteté fit une nouvelle édition du Kangyur (édition Dergué à New Delhi), qu’il fit distribuer gracieusement à tous les monastères tibétains en Inde, au Népal, au Bhoutan, et aux Etats-Unis. Le Tengyur fut aussi imprimé pour tous les monastères à un prix raisonnable. Un tel acte historique n’avait jamais été entreprit auparavant. De plus, Sa Sainteté préserva les écritures des grands maîtres Tibétains, qui incluent notamment toutes les œuvres disponibles des Karmapas et les diffusa pendant son exil en Inde, au travers d’enseignements, d’initiations, et d’impression de textes.
Sa Sainteté le Dix-septième Karmapa Gyalwang Karmapa, Orgyèn Trinley Dorjé, est un des maîtres éminents de l’époque post-1959 de l’histoire du Tibet. Il est le premier lama réincarné reconnu par le gouvernement communiste Chinois : un fait marquant dans l’histoire du monde. Après avoir été reconnu et intronisé au monastère de Tsourpou, Sa Sainteté contribua activement au développement du bouddhisme au Tibet dans les des années 90. Durant cette période, il fit reconstruire et développa entièrement le monastère de Tsourpou, le siège principal des Karmapas, qui avait été complètement détruit en 1959 et dans les années 60, lors de la révolution culturelle.
En 1999, le Karmapa fut contraint de partir du monastère de Tsourpou. Il prit donc la décision courageuse de fuir son pays au prix de bien des difficultés. Il réside actuellement au monastère de Gyutö, situé dans la région de Dharamsala. Il y reçoit la transmission complète des enseignements de la lignée Kagyu. Des milliers de personnes dont des tibétains, indiens, népalais, bhoutanais, asiatiques et occidentaux, rendent visite au Karmapa, qui accorde des audiences publiques et privées tout au long de l’année. Il reçoit également la visite de grands maîtres qui lui confèrent des enseignements ainsi que des instructions de pratique.
(Un des attributs les plus remarquable des Karmapas est la Coiffe Noire qui symbolise l’activité de la lignée des Karmapas. Pour plus d’information sur chaque Karmapa, voir la rubrique la lignée Kagyu / les 17 Dix Karmapas)