Le retour à Tsourphou (juin 1992)
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« Au jour où le cygne fera le tour du lac
Laissant ses petits dans le marais obscur,
Au jour où le blanc vautour montera dans le profond du ciel,
Vous me demanderez où se trouve Rigdreul.
O, mes petits, pour vous indicible est ma peine !
Maintenant, je n’explique guère, je badine ;
Mais ce n’est pas sans rester uni à la vérité ultime.
Quand le Seigneur du Chemin sera tenu par le roi des oiseaux,
Je prie qu’alors la joie nous réunisse. » [1]
Sa Sainteté le Seizième Karmapa s’enfuit du Tibet en 1959, laissant le monastère de Tsourpou sans successeur durant une longue période. Le jour de l’arrivée de sa réincarnation, elle fut accueillie avec une allégresse insondable. Lorsque les tibétains apprirent que la réincarnation du Karmapa était en route vers le monastère de Tsourpou, des milliers de disciples se rassemblèrent dans la joie.
Le 15 juin 1992, Sa Sainteté Dix-septième Karmapa arriva dans un cortège de sept jeeps, suivies de deux camions sur la route principale de Tsourpou, décorée de bannières de bienvenue et emplie d’effluves d’encens. Le cortège, encadré par des cavaliers vêtus de leurs plus beaux atours, remonta lentement la route ondoyante vers le monastère. Le son mélodieux des longues trompes appelées gyalings (rgya gling) accueillait le Karmapa, de retour à son siège principal, établi par le Premier Karmapa, Dusoum Khyènpa.
Lorsque le Karmapa descendit du véhicule, il se rendit d’abord au Palais d’Eté, situé à 15 minutes de l’entrée principale du monastère. Accompagné de ses parents et de quelques membres de l’équipe de recherche, Sa Sainteté reçut les moines de Tsourpou et quelques officiels Chinois et Tibétains, venus lui témoigner leur respect.
Après le thé, Sa Sainteté fut conduit à l’entrée principale du monastère, où l’attendait un cheval blanc qui l’escorta vers la porte d’entrée, au milieu d’une procession traditionnelle, entourée par des moines tenant de grands brocarts; d’autres portaient des bannières et des drapeaux multicolores. Arrivé à la porte principale, des moines parés de costumes traditionnels et de masques représentant le Lion mythique des neiges et d’autres personnages, dansèrent autour de lui.
Installé sur un trône, faisant face au temple principal, on lui offrit du lait symbolisant celui du lion des neiges, puis, il assista aux danses sacrées du protecteur Mahakala Bernachèn.
Le jeune Karmapa fut ensuite escorté dans le Lakhang principal où il siégea sur le trône des Karmapas. Il y fut introduit avec une offrande élaborées de statues de bouddha, de textes sacrés et d’objets précieux, symbolisant le corps, la parole et l’esprit de tous les bouddhas.
La cérémonie de bénédiction dédiée aux milliers de disciples dura plusieurs heures. Tous étaient impatients de le rencontrer le jeune Karmapa. Les danses et les chants continuèrent dans la cour jusqu’à tard le soir. Des chanteurs d’opéra resplendissant dans leurs costumes et masques colorés, accompagnés par de nombreux chanteurs, célébrèrent l’arrivée et le retour historique du Dix-septième Karmapa au monastère de Tsourpou.
[1] Extrait du livre « Une musique venue du ciel ». Editions Claire Lumière.
« Le bourdonnement mélodieux de l’abeille », poème composé par Sa Sainteté
Le 16ème Karmapa, Rangjoung Rigpé Dorjé.