La vision de Terchen Chogyur Déchen Lingpa
Les détails de la vie du Dix-septième Karmapa furent annoncés avec une étonnante précision lors d’une vision qu’eut Chogyur Déchen Lingpa (1829-1870). Ce grand maître non sectaire fut aussi l’un des plus célèbres découvreurs de trésors secrets cachés (Tertons) de ces derniers siècles.
Gourou Rinpoché apparaît à Chogyur Déchen Lingpa
La plus célèbre prédiction sur le Dix-septième Karmapa est celle de Chogyur Déchen Lingpa. Lorsque ce dernier séjourna au monastère de Karma, Gourou Rinpoché lui apparut au cours d’une vision. Il était entouré par vingt-et-une manifestations du Karmapa.
En plus des quatorze incarnations qui s’étaient déjà manifestées à l’époque de Chogyur Linga, sept autres futures incarnations lui furent révélées. Les éléments de leur apparence étaient des indications annonciatrices des circonstances de leurs activités futures. Au centre de la vision, assis sur un lion des neiges blanc, Gourou Rinpoché lui donna des enseignements sur les différentes manifestations du Bouddha.
Chogyur Déchen Lingpa décrivit en détails sa vision à l’abbé suprême du monastère de Karma, Khenchèn Rinchèn Tarjay qui chargeât des artistes peintres de reproduire la vision en une fresque murale. (L’explication orale de cette vision a été compilée dans un texte intitulé
« Les Sons de la Mélodie de Bon Augure »)
Puisque Chogyur Lingpa était un contemporain du 14ème Karmapa, les détails des visions du 15ème jusqu’au 21ème Karmapas furent des prophéties. Bien que le récit oral des prophéties soit succinct, il relève plusieurs points importants survenus au cours de la vie des 15ème, 16ème et 17ème Karmapas.
Les prophéties sur les 15ème et 16ème Karmapas
Chogyur Lingpa prédit que le Quizième Karmapa, Khakyab Dorjé, réaliserait de grands accomplissements par la pratique du yoga de la méditation sur les bindus. Cette prédiction se réalisa. La prédiction au sujet du Seizième Karmapa se révéla aussi très précise. Elle le décrivait dans un édifice à deux étages. À l’étage inférieur était assis le Seizième Karmapa, Rangjoung Rigpé Dorjé, et à l’étage supérieur se trouvait une statue du Bouddha Shakyamouni. Cette description indiquait que le Seizième Karmapa serait un moine très pur, entouré de nombreux disciples authentiques.
La transformation du paysage pour la transmission
Le récit oral que Chogyur Lingpa fit de sa vision du 17ème Karmapa :
« Sous un arbre verdoyant sur une montagne rocheuse
Se trouve la dix-septième incarnation du Karmapa en compagnie de Kèntin Tai Sitou.
Par la fusion de leurs esprits en un seul,
L’arbre des enseignements du Bouddha
Fleurira et portera des fruits abondants,
L’essence véritable des transmissions de Gampopa. »
Dans cette fresque, le Dix-septième Karmapa est représenté sur un tapis de verdure entouré de fleurs, sous un arbre aux feuillages abondants, s’entretenant avec Tai Situ Rinpoché. Il porte le nom de « Pal Khyabdak Ogyèn Gyalway Nyugu Trinlé Dorjé Tsal Choklé Gyalway Dé », nom donné par Padmasambhava au cours de la vision.
Ainsi, la prophétie orale et la représentation de la thangka ont révélé que le Dix-septième Karmapa serait en compagnie de Tai Sitou Rinpoché sur une montagne rocheuse, entourés d’arbres verdoyants.
Les chants du Seizième Karmapa (1940-1962)
Le Seizième Karmapa a composé spontanément des chants de réalisation annonçant certains détails de la vie de son successeur, le Dix-septième Gyalwang Karmapa.
La Traditions des Dohas : Chants de Réalisation et d’Inspiration
Les chants et les poèmes qui expriment la réalisation et la sagesse d’un maître sont une ancienne tradition de la lignée. Bien que ses racines se retrouvent en Inde, la pratique méditative s’est poursuivie jusqu’au Tibet. Tous les détenteurs d’une lignée ont exprimé leur vue profonde à travers des poèmes et des chants, composés le plus souvent spontanément en réponse à une question de leurs étudiants, ou lors d’une expérience méditative avec un maître. De la même façon, Tilopa, le fondateur de la lignée Kagyu, a enseigné sa réalisation extraordinaire à travers des chants de réalisation à des centaines de milliers de personnes. Le plus célèbre poète et auteur de chants de réalisation du Tibet est le très illustre Milarépa. On retrouve dans le Kagyu Gyursto, compilé par le Huitième Karmapa, Mikyeu Dorjé, toute la collection des chants de réalisation des Karmapas et des autres détenteurs de la lignée Kagyu. Ce recueil est à ce jour disponible en anglais et en français.
La vision d’un départ et d’un retour
Les chants de Sa Sainteté Rangjoung Rigpé Dorjé, le Seixième Karmapa, né au Tibet en 1924 et partit du pays en 1959, énonçaient une prédiction sur son départ et son retour. Il annonçât la nécessité de quitter le siège ancestral des Karmapas, situé à Tsourpou, après l’entrée de l’armée communiste chinoise au Tibet.
Selon l’interprétation habituelle des dohas ou chants d’inspiration qui suivent ci-dessous, le Seixième Karmapa prédisait aussi l’intronisation de son successeur au monastère de Tsourpou.
Tous les Karmapas ont le devoir historique de préserver et de rénover le monastère de Tsourpou ; tâche qui avait été accomplie remarquablement par tous les Karmapas successifs depuis la période du Premier Karmapa. Les chants du Seixième Karmapa indiquaient le retour du futur Karmapa à Tsourpou, en vue de la restauration du siège principal des Karmapas.
Un Chant
Vers 1940, à l’âge de 17 ans, Sa Sainteté Ranjoung Rigpé Dorjé composa le chant du nom « Un Chant ». A cette époque, il résidait au monastère de Palpung du Onzième Tai Sitou Padma Ouangchouk, le précédent Tai Sitoupa.
Dans ce chant, écrit bien avant l’invasion du Tibet par les communistes chinois, le Karmapa prédit sa fuite en Inde et invoque Taï Sitou Rinpoché :
Un Chant
« Ce chant est ala thala thala.
Ala est la façon dont il est né,
Thala la manière dont il s’est mis en mots.
Dans un pays pur, beau de feuilles turquoises,
Sur un trône resplendissant de nacre blanche,
Est la déesse de la vie longue,
Tara, la mère souveraine.
Du fond de mon cœur, je la prie :
Que s’effacent les obstacles à la longue vie !
Ce lieu, si point ne le connaissez,
Est le centre de retraite de Palpoung.
Ce que je semble, si point ne le connaissez,
Souvenez-vous du haut val de Shoukra la belle
Et de la vallée basse de Shoukra le belle.
Quelque part entre les deux Shoukras [1]
Est un enfant, de Tsashang Dènma le descendant. [2]
Si m’appelez par mon nom,
Je suis Thoubtèn Guélek [3]
Non maintenant, mais un demain lointain,
Viendra la décision.
Le vautour et moi savons où nous rendre.
Le vautour s’envole haut dans l’azur
Et nous ne resterons pas, mais pour l’Inde [4] partirons.
Le coucou est l’hôte du printemps,
Quand vient l’automne et les récoltes, il sait où aller.
Gagner le Levant des Indes [5], telles est sa seule pensée.
Au noble Tibet, parmi les grands et les humbles,
Vit Taï Sitou, le seigneur Maîtreya,
Qui demeure au dessous-de notre tête.
Puissent ses activités, rayonnants comme soleil et lune,
Être pérennes, stables, et sans entraves.
Je prie que sans cesse nous nous retrouvions. [6]
Puissent les Trois racines-lamas, yidams et dakinis-
Le garder des forces adverses et des obstacles.
Ce qui ici, est précisément dit,
Préservez-le dans votre cœur. »
Dans le seizième des cycles de soixante ans, durant l’année de dragon-fer (1940), le seizième des Karmapas, Rangjoung Rigpé Dorjé, composa ce chant alors qu’il avait dix-sept ans, à Palpoung Cheukhor Ling. Puisse-t-il être de bon augure !
[Traduction en Américain par Michèle Martin en 1994, sous la guidance de Khenchen Thrangu Rinpoché- Traduction en Français par les Editions Claire Lumière.]
Notes par Le Vénérable Khenchèn Thrangu Rinpoché :
[1] Ici est indiqué le lieu de naissance du XVI ème Karmapa, situé entre deux
Rivières, la Haute Shoukra et la Basse Shoukra.
[2] Il était l’un des principaux ministres de Guésar de Ling, le grand chef de guerre Tibétain et émanation de Gourou Rinpoché.
[3] Thubten Gélek est un nom qui lui fut donné, avant qu’il ne soit reconnu comme Karmapa.
[4] Ici est annoncé le départ du Tibet, qui se produira un demain lointain.
[5] Le coucou, dans sa migration vient du Tibet au printemps pour repartir en automne ; de la même façon, le Karmapa sait qu’il devra partir pour l’est de l’Inde, où il s’établira en exil à Rumtek, au Sikkim.
[6] Le Karmapa fait allusion au fait que Taï Sitou Rinpoché rencontrera le Karmapa à nouveau lorsqu’il se réincarnera en tant que XVII ème Karmapa,
Orgyèn Trinley Dorjé. C’est Taï Sitou Rinpoché qui a découvert le XVII ème
Karmapa et est responsable de lui ; ainsi « ils se retrouveront »
Le Bourdonnement Mélodieux de l’Abeille
Ecrit en 1944, le « Chant dont le temps est venu, Le bourdonnement mélodieux de l’abeille » prédit la fuite du Seizième Karmapa du Tibet. Contraint à quitter le siège de la lignée Kagyu, le monastère de Tsourpou, ce chant exprime sa tristesse.
Le Bourdonnement Mélodieux de l’Abeille
Chant dont le temps est venu
« Ce chant est ala ala ala [1]
Il est thala thala.
Ala veut dire chant du non-né
Thala est fait pour invoquer.
Ce lieu, si point ne le connaissez,
Est l’endroit du chakra du cœur du Suprême. [2]
Dans le mandala du glorieux Chakasamvara, [3]
Tsourpou, au val de Dowo, occupe la place centrale. [4]
Ce que je semble, si point ne le connaissez,
Je suis de la lignée de Dèn, une noble famille.
Si m’appelez par mon nom,
Je suis Rigdreul Yéshé. [5]
La bannière victorieuse de la doctrine de l’éclatante lignée de Dagpo [6]
On la dit haut plantée sur le sommet du monde,
Au bout d’une enfilade hissée, qui jamais ne vacille. [7]
Nourrie de la sève des instructions du maître père,
Elle parfait le grand élan de la prime sagesse innée.
La crinière turquoise du lion des hautes neiges
On dit qu’en l’avenir elle ira par les royaumes. [8]
Dans les forêts de santal parfumé, vit un grand tigre,
Couleur des nuages de l’aube et rugissement puissant. [9]
Sans relâche, des vues fausses il combat la faune.
Ce qui est dit ici est vérité, puissance des Vainqueurs,
Résonnant sur l’eau du lac aux huit qualités [10]
Comme le cri plaisant de l’oie qui se hâte. [11]
Dans le ciel immense, omniprésent,
Brillent sans effort le soleil et la lune. [12]
Celui qui porte le nom très fameux de Rigdreul
Ne restera pas, mais ne sait où ira.
Au lac, le cygne accorde confiance,
Mais le lac sans vergogne devient glace. [13]
A la neige, le lion blanc donne sa foi,
Mais la blanche neige attire le soleil. [14]
Puissent les nobles qui resteront au Pays des Neiges
Ne pas tomber sous l’empire des quatre éléments !
Depuis l’espace indivisible, veille le seigneur Padmasambhava
Qui les tient sans cesse du crochet de sa compassion.
Puissent tous les êtres qui me sont liés
Parvenir aux quatre Corps sublimes ! [15]
Je ne parle du présent, car ma place est incertaine.
Le fruit d’actes des vies passées je vais expérimenter.
Au printemps, le coucou viendra au Tibet ;
Son doux chant mettra la tristesse dans les cœurs.
Vous demanderez alors où se trouve Rigdreul.
Vous qui de moi dépendez, ne connaîtrez-vous pas peine indicible ? [16]
Au jour où le blanc cygne fera le tour du lac
Laissant ses petits dans le marais obscur, [17]
Au jour où le blanc vautour [18] montera dans le profond du ciel,
Vous demanderez où se trouve Rigdreul
O, mes petits, pour vous indicible est ma peine !
Maintenant, je n’explique guère, je badine ;
Mais ce n’est pas sans rester uni à la vérité ultime.
Quand le seigneur du Chemin [19] sera tenu par le roi des oiseaux,
Je prie qu’alors la joie nous réunisse.
Pour cette vie, voici l’essence de ce qu’il faut entendre :
La parole, semblable à l’écho, est un son indestructible ;
Vide est l’esprit, libre du domaine matériel.
Là où il n’y a ni bien à prendre ni mal à rejeter,
La façon du roi des oiseaux [20] est d’être en lui-même [21] détendu.
Examine en détail cette vérité aux cent saveurs.
Iso so, [22] rassemblement de Wermas [23] courroucées ! »
Dans le seizième des cycles de soixante ans, durant l’année du singe-bois [1944], ceci fut composé par la seizième incarnation des Karmapas, Ranjoung Rigpé Dorjé, dans sa demeure de Tashi Khangar, située dans le temple principal de Tsourphou Dowoloung. Puisse t-il être de bon augure !
[Traduction en Américain par Michèle Martin en Avril 1994, sous la guidance de Khenchen Thrangu Rinpoché- Traduction en Français aux Editions Claire Lumière.]
Notes par Le Vénérable Khenchen Thrangu Rinpoché :
[1] Pour les Tibétains, les sons ala et thala rendent mélodieux la qualité de la phrase. Ces expressions sont très courantes dans la poésie tibétaine.
[2] Akanistha peut avoir plusieurs sens ; ici, de façon poétique, l’auteur fait allusion à Tsourphou comme la terre pure du sambhogakaya. Les trois principaux monastères rattachés au Karmapa sont liés au corps, à la parole, et à l’esprit du Bouddha : Kampo gangra (Kam po gangs ra) représente le corps, Karma gon (Karma dgon), la parole, et Tsourphou (m T shur phu), l’esprit.
[3] L’une des principales déités de pratique de la lignée Kagyu.
[4] The Dowo est le nom du fleuve qui coule au sein de Tsourpou et donne
son nom à la vallée.
[5] Nom du XVIème Karmapa lorsqu’il était jeune jusqu’à son intronisation à l’âge de huit ans.
[6] Dhakpo Lhaje, ou Gampopa, était le maître du premier Karmapa, Dusoum Kyènpa.
[7] « Enfilade » se réfère à la lignée ininterrompue des enseignements Kagyu.
[8] La crinière du lion des neiges est ici une métaphore pour décrire les enseignements du Bouddhisme au Tibet.
[9] La couleur safranée étincelante du tigre se réfère à l’éclat du Dharma.
[10] L’eau est fraîche, douce, légère, claire, agréable et apaisante.
[11] La métaphore du lac et de l’oie font allusion à la clarté et à la qualité plaisante du Dharma et du fait qu’il imprègne les grands océans.
[12] Cette métaphore se réfère à la qualité naturellement lumineuse du Dharma
(Les Enseignements) et qu’il imprègne l’espace infini.
[13] Le Karmapa est le cygne qui réside sur le lac du monastère, Tsourpou.
Lorsque la Chine envahira le Tibet et aura la main mise sur le monastère, celui-ci deviendra inhabitable comme un lac gelé.
[14] Le lion est aussi le Karmapa, qui demeure dans son monastère de Tsourpou dans les terres enneigées du Tibet. La chaleur du soleil, qui fait fondre la neige, est une métaphore de la destruction de Tsourpou lors de la Révolution Culturelle. Les deux métaphores du cygne et du lac, ainsi que du lion et de la neige indiquent que bien que le Karmapa ait souhaité rester à Tsourphou, cela n’a pas été possible.
[15] Ici, le Karmapa prie pour ceux qui ne pourront pas s’échapper, afin qu’ils soient protégés du mal, en dépit des quatre éléments, comme ceux qui seront noyés dans l’eau, brûlés par le feu, etc..
[16] Référence aux troubles au Tibet et à l’immense souffrance de son peuple.
[17] Une fois de plus le cygne est une métaphore pour le départ du Karmapa pour l’Inde, et les moinillons laissés derrière se réfèrent au peuple Tibétain, et en particulier à ses disciples.
[18] Il y a deux sortes de vautours (rgod) au Tibet, le blanc et le noir. Ils sont connus comme étant capables de voler plus haut qu’un autre oiseau. C’est une métaphore pour décrire le Karmapa.
[19] « Le Seigneur du chemin » fait allusion à la voie astrologique ou le cycle de douze ans et le « roi des oiseaux » à l’année de l’oiseau, durant laquelle le XVIIème Karmapa sera de retour dans son monastère pour commencer son activité une fois de plus.
[20] « Le roi des oiseaux » fait allusion au vautour et en particulier à la manière de son vol, comme une flèche, avec aisance au sein de l’espace.
[21] Les quatre lignes précédentes font référence à la méditation sur la véritable nature de l’esprit.
[22] « Ki » désigne la bravoure et l’intelligence d’une personne ; « So » est comme un grand sifflement qui signifie « Réveille toi ! Soie vigilant ! Fais attention !
[23] Les Wermas et Dharmapalas (les protecteurs du Dharma) sont dotés d’une grande dignité et de beaucoup de bravoure.
Le Rugissement Joyeux de l’Expérience Mélodieuse
Lors de son arrivée en Inde, vers 1961-1962, le Seizième rendit hommage au monastère de Tsourpou et exprima le souhait de retourner dans cette « Terre pure » sans évoquer un retour prochain. De toute évidence, il n’avait pas l’intention d’y retourner au cours de sa vie.
« Glorieux Tölung Tsourphou
Dans ce pur domaine, allons ! Lamas, yidams et dakinis s’y réunissent comme nuages.
La bannière victorieuse de l’enseignement du Bouddha, plantons-la dans la terre du dharma ! »
Après le départ du Seizième Karmapa, il était clair que le retour à Tsourpou, qu’il évoquait dans ses chants, était une prédiction du Dix-septième Karmapa.
Le Rugissement Joyeux de l’Expérience Mélodieuse
Par Sa Sainteté le 16ème Karmapa, Rangjung Rigpé Dorjé (1924-1981)
Le glorieux Teuloung Tsourphou [1] est Akashinta [2], la demeure sublime de l’esprit,
Là où les dakinis en foule se rassemblent comme les nuées.
A l’arrière, la montagne est le splendide champ pur du Grand Compatissant ;
En face est la forêt vaste et sombre, mer tourbillonnante de divinités terribles.
Au milieu, voici Tushita, le champ pur et joyeux de grand Maitreya. [3]
Dans ce pur domaine, allons ! Lamas, yidams et dakinis s’y réunissent comme nuages.
La bannière victorieuse de l’enseignement du Bouddha, plantons-la dans la terre du dharma ! [4]
Au pays des monts enneigés et du Kaïlash, faisons monter aussi [5] le soleil du bonheur !
[Dalaï Lama], arbre de vie de la doctrine, vous êtes le grand joyau qui exauce
Les souhaits.
Vous qui répandez sur le monde des myriades de lumières,
Soyez, sur le trône d’or par les lions dans le Palais Rouge de Lhassa,
Eternel et immuable comme le diamant qui point ne change.
Votre enseignement mélodieux émet le son de Brahma ; [6]
Veuillez, en cet univers infini, tourner les trois roues du dharma.
La prime sagesse sans souillure, immensité de votre esprit,
Voit sans voile dans le cours des trois temps.
Vous maintenez sans partialité l’enseignement du Bouddha
Qui, loin du déclin, s’en va florissant.
Soyez l’égal des trois rois du Dharma, [7]
Mêlant, dans une tresse de soie, le siècle et le spirituel.
Joie pour les êtres ! Bonheur pour eux ! L’enseignement du Bouddha se répand,
La sangha tient la tête relevée, tombe la pluie de miel du dharma,
Le monde des vivant est conduit au bonheur !
Les êtres de l’univers aiment le bonheur mais ne rassemblent que souffrances.
Dès que le premier moment de conscience en soi, vient l’affranchissement des rets des trois mondes.
Menons le vaste univers au bonheur, ce qu’on nomme encore »paix » !
De l’espace de l’indicible nada [8] a surgi ce chant de joie.
Entrons dans la danse du bien-être, menée par la mélodie de la joie !
Au cinquième jour du cinquième mois tibétain de l’année du bœuf-fer (1961-1962), ceci fut dit par le Seizième Gyalchok (Karmapa). Comme ces mots sont emplis de bénédiction, Damcheu Yongdu a requis avec sincérité et respect la permission de les imprimer. Gyalwang Karmapa ayant donné son aimable autorisation, l’impression fut faite par le Centre du Dharmachackra de Rumtek, au Sikkim, le vingt-cinquième jour du cinquième mois tibétain de l’année du bœuf-fer (7 juillet 1961). Puisse ce chant être la cause qui mènera à l’accomplissement les prières qu’il exprime!
[Traduction faite sous la direction de KhènchènThrangou Rinpoché et de Ringou Tulkou, en 1992 et 1994, révisé
En 2000 et 2002.]
[1] Le siège principal des Karmapas au Tibet. Tölung est le nom où est situé la rivière de la vallée.
[2] . Le champ de la ta terre pure du sambhogakaya en général et, en particulier le champ pur de la terre pure de Vairocana.
[3]. Maitreya est le nom du futur Bouddha.
[4]. Le Tibet.
[5]. Kailash est une montagne sacrée située à l’Ouest du Tibet, un lieu où plusieurs siddhas ont pratiqué, dont Milarépa.
[6] . La parole de Brahma est connu pour être clairement entendue, que ce soit de près ou de loin.
[7]. Songtsen Gampo, Trisong Deutsen, et Tri Ralpachen.
[8] . Quand tous les phénomènes se sont dissous au sein de leur nature, ce stade est l’ultime, si subtil, qu’il est aussi considéré comme synonyme de la vacuité.
La prédiction du Cinquième Karmapa (1384 - 1415)
Certains détails de la vie du Dix Septième Karmapa furent annoncés dans la prophétie du Cinquième Karmapa.
Surmonter les obstacles
Certaines des prophéties concernant Sa sainteté prédisaient des difficultés durant la transition entre le Seizième et le Dix-septième Karmapa.
En particulier, la vision de Chogyur Détchen Lingpa indique qu’il y aurait un désaccord concernant le Karmapa. Ce désaccord serait résolu en se référant à l’inséparabilité de l’esprit du Karmapa et de Tai Sitou Rinpoché. La prophétie du Cinquième Karmapa, Déchin Chekpa (1384 -1415), donne une vision encore plus détaillée de cette période de transition.
Une Emanation du Cœur de Padmasambhava pour le Tibet
Le Cinquième Karmapa prédit que le Dix-septième Karmapa triompherait des obstacles qui menaceraient la continuité de la lignée
Kagyu.
Les paragraphes suivants, qui se réfèrent à cette transition, sont tirés de la version intégrale de cette prophétie.
La prophétie du Cinquième Karmapa, Déchin Chekpa (1384-1415)
« A la fin de la période du Seizième
Du rosaire des Karmapas
Et au début de la période du 17ème,
L’incarnation d’un démon (littéralement un « briseur de samaya »)
Portant le nom de Na-tha (« parent », en particulier « neveu »)
Apparaîtra dans ce lieu, Sacho.
Par le pouvoir des aspirations perverses de cette personne,
La lignée du Karmapa sera proche de la destruction.
À ce moment là, dû à des souhaits véritables lors d’une vie précédente,
Une émanation du cœur de Padmasambhava,
Venant de l’Ouest,
Avec un collier de grains de beauté, féroce et courroucé,
Dont la bouche émet une parole virulente,
De couleur marron et aux yeux exorbités,
Celui-là soumettra l’incarnation du briseur de samaya.
Il protégera le Tibet et le Kham pour un temps.
À cette époque, le bonheur, comme une contemplation du soleil
Arrivera au Tibet, je pense.
Sans cela, malgré la présence d’êtres au karma vertueux
Le dharma disparaîtra progressivement,
Fruit des aspirations négatives de ce démon.
Il sera difficile d’obtenir le bonheur
Le roi au centre par le centre même sera terni
L’émanation d’un démon, un officier de haut rang,
Venant de Kong,
Perturbera le centre et détruira le domaine du centre.
Beaucoup d’étrangers qui n’étaient pas là auparavant,
Ne sachant pas ce qui est apparu se tairont.
Les êtres de ces temps dégénérés, seront séduits par le démon,
N’ayant pas foi dans le Dharma, ils seront pleins de souffrances
En haut, en bas et au milieu, dans ces trois régions,
Le sang des controverses et des hostilités pleuvra.
De disputes, conflits et débats,
Il n’y aura pas de place pour la paix même pour un instant,
Que cet état de pauvreté et d’affairement.
Il n’y aura pas de place, ni pour l’abondance, ni pour la tranquillité,
Que la prison des tourments.
Pas de liberté.
Ce n’est pas que les Trois Joyaux, les trois racines et les protecteurs du Dharma
N’ont pas de compassion.
En raison du karma des êtres et du pouvoir de l’aspiration de ce démon,
Il y aura à cette période une ère de dégénérescence,
À ce moment, la Lignée Secrète du Dharma,
Aura plus de pouvoir et apportera de promptes bénédictions. »
(Traduction de l’anglais en Français par le site kagyuoffice.fr)
Plusieurs personnes perçoivent dans l’activité grandissante du Dix-septième Karmapa la suppression des obstacles au Tibet, en Inde et partout dans le monde, de même que la manifestation croissante de la réalisation de la vision des Karmapas.