Les Karmapas et la tradition tibétaine des maîtres réincarnés (établie vers 1204)
En 1985, un petit garçon nommé « Apo Gaga » naquit au sein d’une famille de l’Est du Tibet. Il fut reconnu comme le 17ème Karmapa en 1992. En réalité, selon la tradition tibétaine, sa biographie remonte huit siècles plus tôt.
L’innovation du Premier Karmapa, Dusoum Khyènpa
En 1189, à l’âge de 80 ans, le Premier Karmapa Dusoum Khyènpa établit son siège principal à Tsourpou, au Tibet central, dans la vallée de Toloung, un affluent du Brahmapoutre. Durant cette période, Dusoum Khyènpa fit des prédictions au sujet de ses futures renaissances, connues sous le nom de « Karmapa ».
Dusoum Khyènpa choisit son disciple principal, Drogon Réchèn, comme le détenteur de la lignée Kagyu, dite « le Rosaire d’Or », transmise par son maître Gampopa. Dusoum Khyènpa fut le premier Karmapa à laisser une lettre décrivant sa prochaine incarnation, qu’il remit à Drogon Réchèn.
Ce dernier accomplit sa tâche en transmettant les enseignements de la lignée à son disciple Pomdrakpa et en lui remettant la lettre que lui avait laissé son maître.
Au début du 13ème siècle, lors d’un déplacement au Tibet Central pour y parfaire son éducation, Karma Pakshi rencontra Pomdrakpa, qui avait reçu la transmission complète de la lignée Kagyu de Drogon Réchèn, l’héritier spirituel du Premier Karmapa.
Des visions très claires permirent à Pomdrakpa de réaliser que l’enfant qu’il venait de rencontrer était la réincarnation de Dusoum Kyènpa, comme la lettre de prédiction l’avait annoncée. C’est de cette façon que Karma Pakshi fut reconnu comme le Second Karmapa.
La continuité de la transmission de la lignée
Pomdrakpa conféra au jeune Karma Pakshi tous les enseignements par le biais des initiations traditionnelles, et lui transmit officiellement l’intégralité des enseignements de la lignée. Depuis ce temps, chaque jeune Karmapa, en dépit de ses connaissances et de ses accomplissements préexistants, reçoit de manière formelle la transmission complète des enseignements d’un détenteur de la lignée.
La mise en place de la tradition des Tulkous au Tibet
Dusoum Kyènpa fut le premier maître à laisser des indications très précises au sujet de sa future naissance, afin que son successeur soit facilement retrouvé. Ce fut donc Karma Pakshi qui lui succéda au monastère de Tsourpou. C’est ainsi que le fameux système de réincarnation des lamas tibétains pris naissance, au lieu même du siège des Karmapas, à Tsourpou. La tradition des « Tulkous » (la manifestation ou la réincarnation des lamas), qui fut mis en place par le Premier Karmapa, est devenue l’une des institutions du Tibet. La lignée ininterrompue Karma Kagyu s’est transmise de cette façon, au travers des Karmapas successifs, jusqu’au présent Karmapa : Sa Sainteté le Dix Septième Karmapa Orgyèn Trinley Dorjé
La tradition des lamas réincarnés par laquelle les maîtres se succèdent à leur siège monastique, s’est poursuivie au Tibet, depuis plus de 800 ans. Au fil des siècles, les tibétains ont développé des règles, ainsi que des balises de protections, afin de maintenir et préserver cette noble institution. Les Karmapas ont continué à jouer un rôle principal dans le développement de ce processus.
Le 17ème Karmapa semble destiné à occuper une place importante dans la transmission de cette tradition, au sein de différentes cultures qui découvrent pour la première fois la tradition des tulkous.