Générer la bodhicitta
J 7 et J 8 – Enseignements sur les 100 Courtes Instructions
Monastère Tergar- 7 et 8 décembre 2014
Comme chaque jour, Gyalwang Karmapa débute ses enseignements en demandant à chacun d’écouter après avoir fait naître l’esprit d’éveil. Les méditations sur les pratiques préliminaires communes – base de toutes les pratiques suivantes – ont été présentées au cours des jours précédents. En ce 7° jour, il est question du développement de la bodhicitta.
Le texte explique qu’il faut d’abord développer une aspiration pour la bodhicitta et ensuite prendre les vœux de bodhisattva qui constituent l’engagement dans la bodhicitta. Mais le texte donne en premier lieu des instructions très détaillées sur les méditations qui vont préparer l’esprit. Tout le texte est un Guru Yoga très élaboré, chaque étape est associée à une prière au Guru afin que par sa bénédiction nous soyons capables d’accomplir la pratique.
Pour que notre esprit s’assouplisse, nous pratiquons d’abord la méditation shamata dans un lieu retiré afin de développer la stabilité méditative. Nous méditons sur la respiration, en comptant les respirations successives, de 1 à 10 au début, puis en augmentant peu à peu jusqu’à acquérir une stabilité parfaite de 1 à 100. Notre esprit sera alors paisible et dompté et nous pourrons nous engager dans la vertu sans effort.
La section suivante porte sur l’élimination des fabrications conceptuelles, nous regardons directement notre esprit et demeurons simplement dans cette observation. Vient ensuite la contemplation que tous les phénomènes sont semblables à des rêves, elle nous permet de réaliser qu’apparence et vacuité ne sont pas opposées. La section qui suit analyse la nature non-née de la conscience. Puis l’esprit regarde l’esprit. Puis, en demeurant dans la méditation, sans modifier quoique ce soit, nous voyons simplement ce qui se présente ou ce que nous pensons.
« De même que les nuages ou la brume apparaissent dans le ciel et se dissolvent dans le ciel, toutes les apparences, les pensées, les sujets et objets, émanent du dharma et se dissolvent dans l’étendue du dharma. »
Puis vient la méditation où l’on demeure dans l’essence même du chemin et de la base.
Quoique nous fassions, nous ne devrions jamais oublier la méditation. Ne nous attachons pas aux apparences comme à quelque chose de réel, mais reconnaissons qu’elles sont semblables aux apparences qui surgissent dans les rêves. Gardons les préceptes, évitons les chutes. Engageons-nous dans les dix pratiques du dharma et offrons le tout aux Trois Joyaux.
Les instructions sur la génération de la bodhicitta commencent maintenant.
Premièrement il faut méditer sur la compassion envers ceux pour qui elle nous semble facile. Commençons par la bonté de notre mère, c’est elle qui nous a permis de suivre le chemin de la libération. Imaginons que notre mère doive renaître dans l’un des mondes inférieurs lorsqu’elle mourra. Comment pourrions-nous l’aider ?
Dans l’étape suivante, nous étendons la compassion que nous ressentons pour notre mère à tous les êtres sensibles, ils ont aussi été notre mère dans une vie précédente. Ils sont maintenant sur le point de tomber dans un monde inférieur. Le texte affirme que notre compassion devrait être semblable à « une mère sans bras dont l’enfant est emporté par une inondation. » A cet instant nous devrions être déterminé à demeurer dans le samsara aussi longtemps qu’il le faudra pour le bien de nos mères, tous les êtres sensibles. Comme leur seul espoir se trouve dans les Trois Joyaux, imaginons que nous avons la sagesse, la compassion et la capacité de les protéger. Puis tournons-nous totalement vers les Gurus car ils savent ce qu’il faut faire pour être utiles à nos mères, les êtres sensibles. Observons les souffrances de tous les êtres sensibles et combien il est difficile de les remercier de toutes leurs bontés. Prions les Gurus et étendons encore notre compassion. Pensons à tous les billions d’univers, aux êtres innombrables qui les habitent, qui ont tous été notre mère dans le passé. Méditons sur eux avec une compassion incommensurable.
Cette compassion incommensurable doit maintenant être étendue à ceux que nous considérons comme des ennemis ou envers lesquels nous éprouvons de l’aversion. Ces êtres ont aussi été nos parents ou nos amis dans les vies précédentes, mais nous l’avons oublié. Pour eux aussi, développons particulièrement une compassion incommensurable. Pensons : « Si je les aide en récompense de leurs torts, cela effacera la dette karmique que nous avons les uns envers les autres. »
Les méditations suivantes utilisent des postures physiques et les prières aux Gurus et aux ydams permettant de faire grandir notre compassion.
J 8
La section suivante du texte contient des instructions de méditation qui peuvent être utilisées pour générer l’amour-bienveillant : le souhait que tous les êtres soient heureux et obtiennent les causes du bonheur. Les instructions suivent le même processus que le développement de la compassion.
Nous considérons d’abord notre mère dans cette vie et combien nous ne supportons pas de la voir souffrir. Nous souhaitons que ses souffrances cessent et qu’elle soit heureuse. Après avoir généré pour elle l’amour-bienveillant, nous l’étendons à toutes nos mères, les êtres sensibles. Nous imaginons combien elles subissent d’intolérables souffrances pour avoir ignoré la loi du karma, la loi de cause à effet. Puis nous étendons l’amour-bienveillant à ceux que nous considérons comme des ennemis.
La section suivante débute par la pratique concrète de la bodhicitta, prendre sur nous la souffrance de tous les êtres sensibles. Elle mêle la pratique du Guru Yoga à tonglen, nous donnons notre bonheur aux autres et prenons sur nous leur souffrance.
Nous réfléchissons d’abord aux erreurs que nous avons commises depuis des temps sans commencement sous l’emprise des trois poisons. Nous prions que le karma produit retombe sur nous et que les souffrances dues au karma des autres êtres sensibles retombe également sur nous. Nous souhaitons : « Je vais prendre sur moi le fardeau de la souffrance de tous les êtres sensibles. »
Les instructions nous demandent de visualiser le Guru Yoga, de considérer la bonté de nos mères et de pratiquer tonglen pour elles. Puis nous leur dédions tous les mérites et nous imaginons qu’elles atteignent toutes l’état de Bouddha.
La section se termine par un résumé de toute les pratiques dans leur ensemble : méditations sur les quatre préliminaires communes, prières au Guru, échange de soi avec les autres et le maintien d’un état d’esprit non-conceptuel et stable.
Préparations à la conférence
En plus de la transmission des 100 Courtes Instructions, Sa Sainteté a donné la transmission orale du Précieux Ornement de la Libération de Gampopa jusqu’au chapitre sur l’Ami Spirituel.
Il a parlé aux moines de la phase intense de préparation qu’a nécessité la conférence. Il a aussi parlé des recherches qui ont été entreprises afin de produire un texte authentique. Un groupe de khenpos a étudié les textes des différentes éditions et les citations. Ils ont aussi consulté les Geshe Lharampas du monastère de Gyuto et même Sa Sainteté le Dalaï Lama.
Des maîtres de différentes lignées Kagyu ont été invité à la conférence. Son but est de devenir un ornement pour les enseignements, elle est donnée dans l’intérêt des enseignements et afin que tous les êtres sensibles obtiennent le bonheur.
Avant la session du lundi, Sa Sainteté a eu un entretien privé avec les khenpos du Gunchö et les moines qui ont achevé leurs études universitaires pour parler avec eux des Tantras.