Le Flambeau du chemin vers l’éveil
Enseignement du 10 au 13 Décembre
(sanscrit : Bodhipatapradipam)
d’Atisha Dipamkararashrijnana (982-1054)
Hommage au Bodhisattva Manjushri le Jouvenceau
1. Aux Vainqueurs des trois temps, à leur enseignement
Et à la sangha, je rends respectueux hommage.
Pour répondre à la requête du bon disciple Jangchoup Eu
Je vais allumer le flambeau du chemin vers l’éveil.
2. En raison de leurs capacités inférieures, moyennes ou supérieures,
Sache qu’il existe trois types de personnes.
Mettant en lumière leurs singularités
Je vais écrire ce qui les distingue.
3. Ceux qui par tous les moyens
Ne cherchent que leur profit individuel
Dans les bonheurs du cycle des existences,
Sache qu’ils sont de capacité inférieure.
4. Ceux qui, se détournant de ce monde
Et se gardant des actes négatifs
Ne cherchent que leur propre paix,
Sache qu’ils sont de capacité moyenne.
5. Ceux qui, par les souffrances qu’ils endurent,
Veulent sincèrement mettre un terme
Aux souffrances des autres,
Sache qu’ils sont de capacités sublimes.
6. Pour ces êtres qui aspirent
À l’éveil saint et sublime,
Je vais exposer les méthodes parfaites
Enseignées par les maîtres.
7. Devant les peintures et statues du parfait Bouddha,
Devant les stoupas et le saint enseignement,
Offre des fleurs, de l’encens
Et tout objet que tu possèdes.
8. Faisant la septuple offrande
De la Conduite excellente,
Ayant la pensée de ne jamais revenir en arrière
Tant que l’éveil ne sera pas atteint,
9. Avec une foi parfaite dans les Trois Joyaux,
Posant un genou au sol
Et les mains jointes,
Prends d’abord trois fois refuge.
10. Puis, partant d’une attitude
D’amour pour toutes les créatures,
Regarde, sans en exclure un seul, les êtres
Qui, nés dans les trois destinées funestes,
Souffrent de la naissance, de la mort et d’autres tourments.
11. Voulant sortir ces êtres
Des douleurs de la souffrance,
Des souffrances et des causes de la souffrance,
Fais l’irréversible promesse
D’atteindre l’éveil.
12. Les qualités qu’engendre
Une telle motivation
Sont parfaitement expliquées par Maitreya
Dans le Soutra de l’harmonie des arbres.
13. Ayant lu dans ce soutra ou appris d’un maître
Les qualités sans fin de l’intention
D’atteindre le parfait éveil,
Ravive-la souvent pour la rendre forte.
14. Le Soutra requis par Viradatta
Expose pleinement ses mérites.
Je n’en citerai ici
Brièvement que trois strophes.
15. Si le mérite de la bodhichitta
Possédait une forme,
Elle remplirait l’espace entier
Et encore l’excéderait.
16. Si l’on remplissait de joyaux
Autant de royaumes de bouddhas
Qu’il y a de grains de sable dans le Gange,
Afin de les offrir au Seigneur du monde,
17. Ce serait moindre offrande
Que de joindre les mains
Et d’incliner son esprit devant la bodhichitta,
Car une telle offrande est sans limites.
18. Ayant engendré l’aspiration à l’éveil,
Fais de nombreux efforts pour l’amplifier toujours.
Pour t’en souvenir en cette vie et dans les autres
Garde bien les préceptes tels qu’ils sont exposés.
19. Sans le vœu d’appliquer la bodhichitta,
L’aspiration parfaite ne grandira pas.
N’oublie donc pas de faire des efforts en ce sens,
Puisque tu désires que croisse l’aspiration au parfait éveil.
20. Ceux qui observent l’un des sept types
De vœux de libération individuelle
Ont le fondement fortuné pour le vœu de bodhisattva ;
Les autres, non.
21. Le Tathagata a mentionné sept types
De vœux de libération individuelle.
Le meilleur de tous est la glorieuse conduite pure
Dite vœu d’ordination majeure.
22. Suivant le rituel décrit dans le chapitre
Sur l’éthique des Terres de bodhisattva,
Prends le vœu auprès d’un bon maître
Possédant toutes les caractéristiques.
23. Celui qui est compétent pour le rituel du vœu,
Qui lui-même vit selon le vœu,
Qui le donne avec foi et compassion,
Sache que tel est un bon maître.
24. Au cas où, malgré tes efforts,
Tu ne trouverais pas un tel maître,
Je vais indiquer une autre procédure
Pour prendre le vœu correctement.
25. Je vais écrire ici clairement, me conformant
Au Soutra du royaume du Bouddha de l’ornement de Manjushri,
Comment, voici longtemps, quand Manjushri était Ambaraja,
Il engendra la bodhichitta.
26. « En présence des Seigneurs,
J’engendre l’intention d’atteindre le parfait éveil.
J’invite tous les êtres
Et les délivrerai du cycle des existences.
27. « Depuis maintenant
Jusqu’à ce que j’atteigne l’éveil,
Je n’aurai ni malveillance,
Ni colère, ni avarice, ni jalousie.
28. « Je vivrai dans la conduite pure,
Abandonnerai les méfaits et le désir
Et, me réjouissant des vœux de l’éthique,
M’exercerai à la suite des bouddhas.
29. « Sans enthousiasme à l’idée
D’obtenir l’éveil rapidement,
Je resterai en arrière jusqu’à la fin
Pour le bien ne serait-ce que d’un seul être.
30. « Je préparerai un nombre infini
De royaumes inconcevables
Et resterai dans les dix directions
Pour ceux qui feront appel à mon nom.
31. « Je rendrai purs tous les actes
De mon corps et de ma parole,
Et purs tous les actes de mon esprit,
N’accomplirai rien de non vertueux. »
32. Ce qui rend purs le corps, la parole et l’esprit,
C’est, observant le vœu de bodhichitta appliquée,
D’être bien exercé dans l’apprentissage des trois formes d’éthique,
Si bien qu’augmente le respect pour ces trois formes d’éthique.
33. Ainsi, par les efforts dans le vœu
Faits par les bodhisattvas pour l’éveil pur et complet,
Les accumulations pour le complet éveil
Seront entièrement accomplies.
34. Tous les bouddhas ont dit
Que ce qui permet d’achever les accumulations,
Dont la nature est mérite et sagesse
Est le développement des clairvoyances.
35. De même qu’un oiseau dont les ailes n’ont pas encore grandi
Ne peut pas voler dans les airs,
De même sans la force des clairvoyances,
On est privé du pouvoir de faire le bien des êtres.
36. Le mérite gagné en une seule journée
Par celui qui possède les clairvoyances
Ne peut être obtenu même en cent existences
Par celui qui n’a pas les clairvoyances.
37. Celui qui veut accomplir rapidement
Les accumulations pour l’éveil
Obtiendra les clairvoyances
Par l’effort et non par la paresse.
38. Sans l’obtention du calme mental,
Les clairvoyances ne se produiront pas.
Efforce-toi donc continuellement
De réaliser le calme mental.
39. Tant que les différents aspects du calme mental
Restent imparfaits, la méditation profonde
Ne pourra s’établir, même si l’on médite
Avec effort durant des centaines d’années.
40. Appliquant donc les aspects mentionnés
Dans le Chapitre de la collection des méditations profondes,
Place ton esprit avec vertu
Sur un objet de concentration quelconque.
41. Quand le pratiquant obtiendra le calme mental
Il obtiendra aussi les clairvoyances ;
Mais s’il n’y joint pas la perfection de connaissance,
Les voiles ne seront pas éliminés.
42. Pour écarter complètement les voiles
Des perturbations et de la perception duelle,
Le pratiquant doit sans cesse cultiver
La perfection de connaissance en y joignant les moyens.
43. La connaissance sans les moyens
Et les moyens sans la connaissance
Sont dits être un asservissement.
N’abandonne donc ni l’une ni les autres.
44. Afin d’éliminer les doutes
Sur ce qu’est la connaissance et sur ce qu’on appelle les moyens,
Je vais dire clairement quelle est la différence
Entre les moyens et la connaissance.
45. En dehors de la perfection de connaissance,
Toutes les pratiques vertueuses
Que sont le don et les autres perfections
Sont, selon les Vainqueurs, des moyens.
46. Celui qui, fort de s’être exercé aux moyens,
S’exerce à la connaissance,
Obtiendra rapidement l’éveil
Et non celui qui s’exerce au seul non-soi.
47. Comprendre la vacuité de nature propre
En réalisant que les agrégats, éléments
Et champs d’activation sont dépourvus d’origine
Est unanimement connu comme étant la connaissance.
48. Ce qui existe ne peut avoir d’origine,
Ni ce qui n’existe pas comme une fleur dans le ciel.
Ces deux erreurs sont absurdes.
Aucun des deux cas ne peut se produire.
49. Un objet ne peut trouver son origine en lui-même,
Ni d’un autre, ni des deux,
Ni sans cause ; par conséquent,
Il n’existe pas de manière inhérente, en tant qu’entité.
50. De plus, si l’on se pose la question de savoir
Si tous les phénomènes sont un ou multiples,
On ne leur trouve pas d’entité.
Il est donc certain qu’ils n’ont pas d’existence propre.
51. Les arguments des Soixante-dix Strophes sur la vacuité,
Du Traité de la voie du milieu et d’autres
Exposent que la nature de toutes choses
Est établie en tant que vacuité.
52. Comme ce que disent ces traités est trop élaboré,
Je ne peux ici m’y étendre,
Mais m’en tiens à citer leurs conclusions
Dans la perspective de la méditation.
53. Ainsi, toute méditation sur le non-soi,
Ne percevant de nature propre
Dans aucun phénomène,
Est une méditation de la vacuité.
54. La connaissance ne voyant
De nature propre en aucun phénomène,
Ayant analysé la connaissance aussi par le raisonnement,
Médite maintenant sans concept.
55. La nature de ce monde issu des concepts
Est d’être un concept.
L’élimination des concepts
Est donc le nirvana sublime.
56. La grande ignorance que sont les concepts
Nous fait tomber dans l’océan de l’existence cyclique.
Lorsqu’on reste dans la méditation profonde sans concepts,
Le non-concept semblable à l’espace apparaît clairement.
57. Quand les fils des vainqueurs contemplent sans concepts
Ce saint dharma, ils vont au-delà des concepts
Si difficiles à vaincre,
Jusqu’à obtenir progressivement l’état sans concepts.
58. Ayant obtenu la certitude par les Écritures et le raisonnement
Que les phénomènes sont dépourvus d’origine
Et dépourvus d’existence propre,
Médité sans concepts.
59. Par une telle méditation sur l’ainsité,
La « chaleur » et autres étapes étant franchies graduellement,
« Joie parfaite » et les autres terres seront obtenues
Et rapidement l’éveil de l’état de bouddha.
60. Si tu veux aisément parfaire
Les accumulations pour l’éveil
Par les activités de pacification, d’enrichissement et autres
Issues du pouvoir des mantras,
61. Et par la force des huit grands accomplissements,
Comme « le bon vase »,
Si tu veux pratiquer le vajrayana
Tel qu’exposé dans les tantras de l’action et de la conduite,
62. Tu dois, pour recevoir l’initiation du précepteur,
Satisfaire un saint maître,
En lui offrant service et choses précieuses
Et en lui obéissant.
63. Recevant pleinement l’initiation du précepteur
De la part d’un maître que tu auras satisfait,
Tu seras purifié de tous tes méfaits
Et auras la bonne fortune d’obtenir les accomplissements.
64. Du fait que le Grand Tantra du Bouddha primordial
L’interdit avec insistance,
Celui qui observe la conduite pure
Ne doit pas recevoir les initiations secrète et de sagesse.
65. Si celui qui vit dans l’ascèse de la conduite pure
Recevait ces initiations,
Faisant ce qui est proscrit,
Il endommagerait son vœu d’ascèse.
66. Ceci produit une transgression
Qui est une défaite pour celui qui observe la conduite yogique.
Certain de tomber dans les destinées funestes,
Celui-ci n’obtiendra pas les accomplissements.
67. Pour celui qui a reçu l’initiation du précepteur
Et possède la connaissance de l’ainsité, il n’y a pas de faute
À étudier ou enseigner les tantras,
À faire les rituels du feu ou d’autres offrandes.
68. Moi, Dipamkarashri l’Ancien,
Ayant vu les explications des soutras et d’autres enseignements,
J’ai fait ce bref exposé
À la requête de Djangchoup Eu.
Ceci conclut le Flambeau du chemin vers l’éveil d’Acharya Dipamkarashrijnana. Il fut traduit par le Grand Abbé Indien lui-même et par le grand relecteur, traducteur et moine pleinement ordonné Guéwai Lodreu. Mangalam. Cet enseignement fut rédigé dans le temple de Shang Shoung Toling.
La prière à sept branches
des Souhaits de conduite excellente.
À tous ceux qui, lions parmi les hommes, sont venus
dans les mondes des dix directions autant qu’ils sont,
et dans les trois temps, à eux tous sans exception,
je rends sincère hommage du corps, de la parole et de l’esprit.
La force de mes Souhaits de conduite excellente
rend tous les vainqueurs présents dans l’esprit.
M’inclinant avec des corps aussi nombreux que les atomes des royaumes,
je rends parfait hommage à tous les vainqueurs.
Sur un seul atome sont autant de bouddhas que tous les atomes,
chacun résidant au milieu de fils des bouddhas.
J’imagine qu’ainsi l’espace universel dans sa totalité
est entièrement rempli de vainqueurs.
Pour eux, qui possèdent d’inépuisables océans dignes d’éloges,
avec tous les sons d’un océan de mélodies variées,
j’énonce les qualités de tous les vainqueurs
et de tous les bienheureux je fais la louange.
Fleurs sacrées et guirlandes sacrées,
musiques, baumes et sublime parasol,
lampes sublimes et encens sacré,
j’en fais offrande aux vainqueurs.
Vêtements saints, sublimes senteurs,
autant de poudres fines que le Mont Mérou,
dans une ordonnance sublime et magnifique,
j’en fais offrande aux vainqueurs.
Par toutes ces offrandes immenses et insurpassables,
je vénère tous les vainqueurs.
Par la force de ma confiance en la conduite excellente,
à tous les vainqueurs je présente hommage et offrandes.
Sous l’emprise du désir, de la haine et de la stupidité,
avec le corps, la parole et de même avec l’esprit,
toutes les fautes que j’ai pu commettre,
toutes je les confesse complètement.