Suite des enseignements du Karmapa sur la compassion
Le 20 Février 2010, India Habitat Center, Delhi
Sa Sainteté le Karmapa a continué son enseignement sur la compassion le matin puis a donné la transmission de la pratique du Bouddha de la Compassion, Tchènrezig avec des instructions de pratique dans l’après-midi.
Sa Sainteté a tout d’abord commenté que la compassion est une qualité inhérente en nous. En utilisant l’analogie du soleil dissimulé par les nuages, il a expliqué que même si la compassion n’est pas perceptible ou si elle ne se manifeste pas complètement, celle-ci est omniprésente en nous et fait partie intégrante de notre nature, et ce malgré les entraves temporaires qui peuvent la voiler. Les obstacles qui obstruent au resplendissement de notre compassion peuvent être balayés car, contrairement à la compassion, ils n’existent pas fondamentalement au sein de notre nature intrinsèque.
En s’appuyant sur les enseignements sur la nature de bouddha ou sugatagarbha (en sanscrit), le Karmapa a expliqué que ce qui est décrit comme la graine de l’éveil est naturellement présent chez tous les êtres sensibles. Ce qui permet à la graine de pousser et ce qui permet le déploiement illimité de nos qualités, est la compassion, a-t-il dit.
En ce qui concerne les moyens habiles pour développer la compassion, le Karmapa a utilisé ce qu’il appelle une approche éclectique en s’appuyant sur plusieurs aspects des différentes présentations bouddhistes. En premier lieu, il a souligné l’importance d’avoir un objet de contemplation sur lequel nous focalisons notre compassion. Parfois, lorsque nous essayons d’inclure tous les êtres, notre point de référence n’est pas très clair et notre compassion devient quelque chose d’abstrait. Le Karmapa a donc conseillé d’utiliser une personne dont la bienveillance nous inspire. Pour cette pratique nous utilisons en général notre mère, un être qui nous a montré de l’amour et de l’affection, bien qu’il a reconnu que personne n’avait la même expérience avec ses parents. Dans tout les cas, une fois que nous pouvons générer un sentiment profond de compassion envers n’importe quelle personne que nous utilisons comme objet de référence, nous essayons de développer ce même sentiment en incluant les autres personnes qui ne sont pas différents de la première.
Le Karmapa a notifié qu’une pratique simple pour renforcer la compassion est celle de la pratique à « Sept branches avec ses causes et effets », qui enseigne de considérer que tous les êtres ont été nos mères dans nos vies passées et qu’ils nous ont été d’une grande bienveillance. Néanmoins, les personnes qui ont peu de conviction sur l’existence des vies antérieures devraient plutôt penser que tout ce qu’elles ont obtenu dans cette vie provient des autres et qu’ils leur ont été bénéfiques.
Le monde d’aujourd’hui est devenu beaucoup plus petit et il est incontestable que ce qui touche un coin du monde peut avoir des répercussions dans le monde entier. Nous qui vivons ensemble sur cette planète sommes très dépendants des uns et des autres et partageons cette terre du fait de nos profonds liens karmiques mutuels. Toutes les choses positives qui se manifestent dans notre vie découlent des autres. Cela est vrai non seulement pour les biens matériels qui nous permettent de vivre mais aussi pour les choses immatériels telles que la réputation et la renommée. Même si vous avez le sentiment d’être la personne la plus importante, cet orgueil ou cette impression de supériorité dépend entièrement sur l’existence des autres a-t-il noté. Savoir que nous sommes liés aux autres et que notre sentiment de bien-être dépend d’autrui n’est pas un exercice intellectuel. C’est simplement reconnaître la réalité de notre situation. En nous familiarisant avec la bienveillance que nous porte les autres, nous pouvons commencer à ressentir une grande affection et une tendresse envers eux. Comme un enfant qui ressent une grande affection pour ces peluches, il ne veut pas qu’on leur fasse de mal ou qu’on les sépare d’elles. De la même façon nous pouvons nous habituer à ressentir de l’amour et de la compassion pour autrui.
Le Karmapa a mis en garde sur la compassion que nous générons, elle ne doit pas être enfermée dans notre cœur ou être laissée de côté lorsque nous ne sommes plus devant notre autel. La compassion a besoin de refléter nos actes, notre parole et nos gestes.
Plus tard dans l’après-midi, le Karmapa a donné la transmission orale de la pratique de Tchenrézig, connu comme «L’omniprésente Bien des Êtres » composé par Thangtong Gyalpo, maître Tibétain du 15ème siècle. Le Karmapa a raconté qu’il était baigné dans un environnement où la pratique de Tchenrézig était toujours omniprésente. Sa grand-mère maternelle et sa mère qui avaient notamment une profonde dévotion pour la pratique de Tchenrézig, récitaient fréquemment son mantra. Il sentit qu’en grandissant avec le son du mantra de Tchenrézig cela lui avait laissé d’importantes empreintes.
Certains parents lèguent des biens matériels à leurs enfants mais le Karmapa a quitté son foyer trop tôt pour hériter les biens de sa famille. Il a plutôt reçu dans son cas un héritage maternel qui est la pratique de Tchenrézig, a-t-il dit. Il a expliqué que pour cette raison lorsqu’il créer des liens avec ceux qui viennent le voir à sa résidence, à Dharmasala, il le fait en transmettant la pratique Tchenrézig et de son mantra, en espérant créer ainsi des liens d’affection avec ceux qu’il rencontre. En transmettant le mantra et de la pratique de Tchenrézig, le Karmapa a dit que son souhait était que les personnes présentes se joignent à lui au sein d’une grande et tendre famille.
Il a ensuite donné une brève explication sur la signification du nom de Tchenrézig et de la symbolique des quatre bras et des autres attributs. Ceci s’est poursuivi avec une transmission orale après une courte méditation guidée et une explication de la visualisation de la pratique de Tchenrézig. Pour conclure, Sa Sainteté le Karmapa a remis personnellement à chaque participant un rosaire avec une copie de son livre « Heart of Advice ». Bon nombre de participants sont restés très longtemps sur les lieux après qu’il soit parti pour échanger leurs impressions et partager leur joie.